En route vers l’aventure
juin 5, 2019
En route vers l’aventure — Mon expérience costaricaine
Qui a besoin de ça ?
Quand nous sommes venus chercher notre 4×4, nous avions refusé le GPS que l’agence de location nous avait proposé en riant. “Qui a besoin de ce machin-là ?” a dit ma moitié John, sûr de lui. “On part à l’aventure !”
Où sommes-nous ?
Quand nous nous sommes arrêtés à un croisement poussiéreux, il a secoué la carte comme si le problème venait de ses plis et non de notre incapacité totale à trouver notre chemin. Je pris un air impatient tout en tapotant le volant du bout des doigts, dans l’attente qu’il m’envoie dans la bonne direction. Il glissa sa tête par la vitre en espérant apercevoir un panneau, mais comme nous l’avions appris, ils ne sont pas aussi courants que l’on pourrait penser et souvent cachés dans des buissons ou tellement cabossé que le seul moyen de les lire est d’arrêter la voiture, sortir, et déchiffrer les mots espagnols délavés.
Pas de panneaux à l’horizon
Comme vous l’aurez compris, il n’y avait pas de panneau à l’horizon ni le moindre indice sur la carte. Et pour couronner le tout, ce croisement poussiéreux ressemblait exactement aux nombreux autres croisement poussiéreux que nous avions déjà traversé : des chemins cahoteux traversant des collines agricoles parsemées d’arbres tordus et de vaches qui nous fixent avec leurs grands yeux marrons.
Le plaisir fut de courte durée
Notre goût pour l’aventure commençait à disparaître. Nous nous étions bien amusés les trois premières heures, roulant sur l’autoroute ensoleillée, accompagnés des tubes oubliés des années 80 qui passaient à la radio et bien disposés à profiter de nos vacances. Je pouvais presque sentir le sable entre mes orteils. Mais, à cet instant précis, le sable s’était transformé en gravier.
Demande avant que je te tue
A force de baisser les vitres pour trouver des indices permettant de nous repérer, l’air frais de la climatisation avait été remplacé par un air chaud et aride — ce qui n’a fait que m’énerver encore plus. Devant nous, sur le bord de la route, se promenait un homme avec une machette à la main, et des bottes en caoutchouc aux pieds. Je décida de pousser mon petit-ami à lui demander de l’aide, alors que ses doigts transpirants parcouraient encore les lignes vagues de la carte et qu’il se parlait à lui-même. “Demande-lui !”, lui dis-je impatiemment.
Homme primitif
Pourquoi les hommes ne veulent jamais demander leur chemin ? Si je suis perdue, je n’hésite pas à demander de l’aide à quelqu’un ! Mais mon petit-ami semblait voir cela comme une atteinte directe à sa masculinité — comme si trouver la bonne route devait être un instinct inné chez la gent masculine.
Jamais mieux servi que par soi-même
Motivée à l’idée d’un cocktail sur la plage, j’ai décidé d’ignorer John, determiné à me faire croire qu’il savait très bien où aller. Je descendis de la voiture et m’approcha du passant avec mon plus grand sourire : “Playa?” lui demandai-je dans mon meilleur espagnol. Le vieux monsieur me sourit et m’expliqua pendant cinq minutes comment se rendre à la plage, le tout accompagné de nombreux gestes de la main. Je n’avais rien compris, excepté qu’il fallait prendre à droite, c’est donc ce que nous avons fait.
La fin est proche ?
Nous reprîmes la route plus confiants que jamais, et après quelques nids de poules et arrêts pour laisser passer les vaches qui traversaient, nous atteignîmes une rivière. Perplexes, nous nous sommes regardés, inquiets, face à la route qui continuait de l’autre côté du cours d’eau.
Continuer / Demi-tour
L’intersection la plus proche se trouvait à au moins quarante minutes de routes cabossées,, mais je me suis souvenue de ce que nous avait dit le gentil monsieur lorsque nous étions venus chercher la voiture : traverser une rivière est l’une des choses qui pourraient nous faire perdre notre assurance. Nous étions là, à l’arrêt, méditant désespérément sur les options qui s’offraient à nous.
Tout s’explique
Soudain, un homme à vélo tout transpirant arriva par derrière, accompagné d’une dame sous un parapluie installée sur le porte-bagage. Il fila tout droit à travers la rivière, passa un peu plus en amont, et mouilla à peine ses pneus. John sortit de la voiture et courut là où le vélo avait traversé — il devait certainement y avoir une zone peu profonde. Il hurla de joie, si fort que le cycliste chancela en essayant de se retourner sans perdre l’équilibre pour voir ce qu’il se passait avec le gringo fou. On était en route !
Paradis
La vue au sommet de la colline suivante nous a coupé le souffle : soleil scintillant et océan à perte de vue. Nous avons secoué la poussière dans nos cheveux, le sourire aux lèvres. Voilà enfin l’aventure que nous cherchions — et j’ai pu boire ma boisson fraîche après tout !