Surprise à Monteverde
décembre 5, 2019
Les vacances en famille sont un vrai défi, surtout quand la “famille” inclut trois générations ou plus. Après avoir entendu que le Costa Rica était notre prochaine destination, j’ai réfléchi à deux fois avant de faire mes valises.
La vision de ma grand-tante Mary essayant de traverser une rivière infestée de crocodile sur une branche d’arbre m’empêchait de dormir la nuit. Tout comme les images d’un dîner romantique aux chandelles avec mon épouse – gâché par des moustiques taille Volkswagen et des geckos transparents accrochés aux murs. Pour moi, des vacances en famille au Costa Rica rimaient avec désastre.
Sans aucun doute.
Même en essayant de vanter les mérites d’un séjour tout-compris à Yucatan au Mexique, mes proches n’ont pas changé d’avis. Trois mois plus tard, je me suis retrouvé coincé dans un avion en route vers l’Amérique Centrale et les forêts de nuages froides et humides de Monteverde.
Malgré la vue qui m’a accueillie depuis le hublot de l’avion — les sommets vert émeraude, les îles rocheuses, la côte pacifique brumeuse et ses rivages blancs argileux — je n’étais toujours pas convaincu. De même quand notre agence de location a insisté pour que nous prenions un 4×4 pour transporter “confortablement” les six membres de ma famille et moi-même sur les routes escarpées de la cordillère de Tilaran.
C’était mon état d’esprit depuis que nous étions arrivés à l’aéroport et que nous avions quitté la capitale et Central Valley pour nous rendre au coeur du pays. Nous sommes partis vers le nord en empruntant l’autoroute Panaméricaine bien connue (Route1) – qui selon les rumeurs relie du nord au sud l’Alaska glacial à l’Argentine ardente.
Je dois admettre que j’ai vite changé d’avis lors de ce premier trajet. Même Eva, ma jeune cousine très bavarde, est restée bouche bée face au coucher de soleil sur un champ de cannes à sucre. Nous étions comme des enfants quand nous sommes arrivés à notre hôtel rustique, mais très charmant, dans les collines de San Ramon, un lieu très recommandé non loin de l’autoroute.
Le matin suivant a été le moment où j’ai définitivement ravalé ma fierté et mis mon égo de côté. Le Costa Rica est vraiment magnifique et le trajet sur l’autoroute 606 qui traverse ce paradis vert gigantesque, ces cascades grandioses et les sommets d’environ 1 440 mètres de haut de Monteverde et des montagnes environnantes m’a coupé le souffle.
J’ai été ravi de découvrir que le mélange des locaux amicaux et des expatriés excentriques — du genre bohème naturaliste — collait bien avec l’homme né dans les années 70 que je suis et mon entourage qui aime le vert. Nous nous sommes rapidement installés dans notre écolodge et avons commencé à nous renseigner sur les environs et sur les circuits disponibles pour profiter au maximum de notre lieu de vie temporaire.
Monteverde et sa ville soeur, Santa Elena, ont de quoi plaire à tout le monde. En plus, les efforts et l’amour déployés dans la préservation de ce refuge écologique sont impressionnants. Les télésièges et les tyroliennes — autrefois réservées aux biologistes, chimistes, et écologistes — ont été adaptés pour convenir aux passionnés néophytes comme nous. Nous avons eu accès aux mêmes vues, aux mêmes sons, aux mêmes senteurs et à la même expérience qui était autrefois limitée aux scientifiques et leurs collègues.
Avec les plus jeunes du groupe, nous avons commencé par un circuit matinal à travers les 25 950 acres de la réserve forestière nébuleuse de Monteverde. On nous avait recommandé d’emprunter le sentier de Sendero Bosque Nuboso (une randonnée à travers la forêt de nuages) qui traverse les forêts brumeuses et permet d’avoir un aperçu des oiseaux, animaux et reptiles qui habitent le parc. La randonnée de 1.9 km avec un dénivelé facile de 65 m nous a pris environ 1 heure et demie au total. Elle nous a permis de découvrir un monde naturel mystique qui nous était totalement inconnu. Notre guide nous a dit que le parc abrite des espèces menacées, comme des jaguars, des ocelots, des tapirs de Baird, des Arapongas ti-caronculés et des centaines d’autres créatures magnifiques.
A ma grande surprise, Monteverde et les parcs et réserves naturelles environnants ont conçu leurs circuits afin que tout le monde puisse y participer. Les personnes les moins sportives de notre groupe ont pu découvrir la même vie sauvage que nous dans les nombreux serpentariums, jardins de papillons et musées. L’un de ces endroits est le Musée des Insectes de Selvatura et son exposition “Jewels of the Rainforest”, la plus grande collection privée d’insectes dans le monde avec plus de 1 000 000 espèces différentes. Les visites à pieds des parcs sont aussi personnalisables en fonction des limites physiques des visiteurs, et les pistes de randonnées varient en distance et en difficulté.
Nous avons tous adoré le Sky Tram – un trajet en nacelle à travers la canopée; et quand j’ai opté pour le Canopy Tour et ses tyroliennes impressionnantes, mes parents en ont profité pour prendre part à un circuit sur le café, le chocolat, et les cannes à sucre. De même, lorsque le reste du groupe a enfilé vestes et bottes pour une balade de nuit afin d’observer les créatures nocturnes telles que les chauves-souris et les grenouilles, ma femme et moi nous sommes rendus au Bar Amigos pour un aperçu de la vie nocturne locale.
Je suis heureux de dire que ces vacances en famille à Monteverde au Costa Rica m’ont ouvert les yeux. Je n’avais jamais imaginé y trouver un environnement si fascinant et une culture si accueillante – et encore moins que chaque membre de ma petite tribu pourrait en profiter.